V. Mais laissons les exemples des anciens, et passons aux héros qui nous touchent de tout près; prenons les généreux exemples que nous ont donnés des hommes de notre génération. C’est à cause de la jalousie et de l’envie que les plus grands et les plus justes d’entre eux, les colonnes, ont subi la persécution et combattu jusqu’à la mort. Oui, regardons les saints Apôtres: Pierre, victime d’une injuste jalousie subit non pas une ou deux, mais de nombreuses épreuves, et après avoir ainsi rendu son témoignage, il s’en est allé au séjour de la gloire, où l’avait conduit son mérite. C est par suite de la jalousie et de la discorde que Paul a montré quel est le prix de la patience: chargé sept fois de chaînes, exilé, lapidé, il devint héraut du Seigneur au levant et au couchant, et reçut pour prix de sa foi une gloire éclatante. Après avoir enseigné la justice au monde entier, jusqu’aux bornes du couchant, il a rendu son témoignage devant les autorités et c’est ainsi qu’il a quitté ce monde pour gagner le lieu saint, demeurant pour tous un illustre modèle de patience.
VI. A ces héros dont la vie a été sainte vient s’adjoindre une grande foule d’élus qui ont souffert, par suite de la jalousie, toutes sortes d’outrages et de tortures, et sont devenus pour nous d’admirables exemples. C’est poursuivies par la jalousie que des femmes, nouvelles Danaïdes et Dircés, victimes d’outrages atroces et sacrilèges, ont parcouru jusqu’au bout d’un pas ferme la carrière de la foi, et ont remporté le prix glorieux, malgré l’infirmité de leur nature. 3. C’est la jalousie qui a séparé épouses et maris, faisant mentir le mot de notre père Adam: «Voici l’os de mes os et la chair de ma chair» (Gn 2, 23). 4. La jalousie et la discorde ont renversé de grandes cités et ruiné de puissantes nations.
VII. En vous écrivant tout cela, bien-aimés, nous ne faisons pas que vous réprimander, nous nous avertissons aussi nous-mêmes, car nous sommes dans la même arène et le même combat nous attend. C’est pourquoi laissons là toutes les préoccupations vaines et inutiles et revenons à la règle glorieuse et sainte de la tradition; et voyons ce qu’approuve, ce qu’aime, ce qu’agrée celui qui nous a faits.”
Saint Clément de Rome Lettre aux Corinthiens, V1,1 – VII, 3