Credo in unum Deum, Patrem omnipoténtem, factórem cǽli et terræ, visibílium
ómnium et invisibílium
La voix s’élève, pure et pleine tout à la fois, comme jaillissant du plus profond de l’être, bientôt rejointe par d’autres, toutes féminines : du chaos primordial surgit la création voulue par Dieu, façonnée par ses mains de père, une puis multiple.
Et in unum Dominum Iesum Christum, Filium Dei unigenitum, et ex Patre natum ante
omnia saecula. Deum de Deo, Lumen de Lumine, Deum verum de Deo vero, genitum, non factum, consubstantialem Patri, per quem omnia facta sunt.
A la ligne claire, lumineuse des sopranos et le soutien doux et chaleureux des altos se joignent maintenant le timbre noble, solennel des ténors et la couleur grave des basses : mouvement fluide, harmonieux, méditatif et ferme tout à la fois, exprimant l’unité du Christ avec le Père. Puis les voix claires, aériennes, presque éthérées des sopranos se détachent à nouveau, scintillant comme des rayons de lumière, soutenue par les autres plus rondes et profondes : c’est la lumière jaillissante de Dieu. Lui succède une tension harmonique reflétant le mystère de la génération divine.
Qui propter nos homines, et propter nostram salutem descendit de caelis. Et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine, Et homo factus est.
Déploiement des “Hosanna” suivi d’un ralentissement : voix apaisées, presque intimes invitant à l’intériorité.
Crucifixus etiam pro nobis sub Pontio Pilato, Passus, et sepultus est.
Un tempo plus lent, des harmonies plus tendues : l’émotion domine mais avec dignité.
Et resurrexit tertia die, Secundum Scripturas, et ascendit in caelum, Sedet ad dexteram Patris. Et iterum venturus est cum gloria, iudicare vivos et mortuos, Cuius regni non erit finis.
A nouveau, c’est une envolée des voix, un mélange des harmonies joyeux et grave en même temps, un élan vers la vie qui se conclut par une sensation de grandiose plein d’espérance avec des voix plus claires, détachées, solennelles.
Et in Spiritum Sanctum, Dominum et vivificantem, qui ex Patre Filioque procedit. Qui cum Patre et Filio simul adoratur et conglorificatur : qui locutus est per prophetas.
Nous sommes au cœur d’un passage à la fois mystique, vivant et profondément liturgique et le chœur en donne une interprétation qui rappelle la vie qui croît puis L’Esprit qui jaillit des deux sources du Père et du Fils par le croisement et l’enlacement des voix pour continuer par un moment plus majestueux qui exprime l’unité dans l’adoration et finir par une polyphonie sonnant comme une évocation des multiples voix des prophètes.
Et unam, sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam. Confiteor unum baptisma in remissionem peccatorum. Et expecto resurrectionem mortuorum, et vitam venturi saeculi. Amen.
Belle surprise pour cette dernière partie du Credo : le groupe d’enfants qui jusque là se tenait calmement assis aux premiers rangs se lève pour rejoindre le chœur des adultes et leurs voix dont on devine que certaines sont déjà très prometteuses, se mêlent à celles de leurs aînés. On ressent l’assentiment du cœur, la fidélité, l’attente et l’espérance dans cette partie tout ensemble majestueuse et enlevée.
Invité par le Révérend James Buxton., responsable de la communauté anglicane d’Izmir, c’est à l’église Saint Polycarpe récemment rénovée que le Chœur ISHIRINI de Cambridge nous a fait la grâce de cette méditation musicale à l’occasion du 1700ème anniversaire du concile de Nicée et la proclamation du Credo. Il s’est également produit auparavant à l’église anglicane Saint Jean.
Les auditeurs étaient venus en nombre et sont repartis émerveillés de cette méditation originale et de grande qualité.
Marie-Françoise Desrue